Notgeld
By Graeme Petterwood | Wednesday, February 4, 1998
Le 28 juin 1914, l’archiduc François Ferdinand d’Autriche et son épouse Sophie furent assassinés à Sarajevo en Bosnie par un groupe de jeunes anarchistes. Cette tragédie a mené à la déclaration de guerre de l’Autriche à la Bosnie et la Serbie, qui furent tenues responsables des meurtres. L’Autriche-Hongrie, poussé par sa grande alliée, l’Allemagne, cherchait un prétexte pour envahir la Serbie, ce qui fut fait le 28 juillet 1914. L’Empire allemand a été formé par la Prusse, expansionniste, en 1871 et ses dirigeants étaient obsédés par la pensée que la Russie et les autres États slaves feraient la guerre à l’Allemagne. Ils considéraient que c’était préférable de frapper en premier et prendre l’avantage. Néanmoins, les nombreux traités, obligations et ententes politiques qui avaient été arrangés partout en Europe par toutes les nations en proie à la paranoïa, amena à une escalade.
Droite : Notgeld de 10 heller émis parla communauté de Gairnfarn et Autriche le 26 mai, 1920.
Gauche : Notgeld de 80 heller émis par la communauté de Grunbach bei Freistadt en Autriche, le 16 Mai,1920.
Comme la guerre s’étendait à toute l’Europe dès le 4 août 1914, l’économie allemande subit de plus grandes exigences et la thésaurisation des métaux précieux, incluant les monnaies, devint un fait acquis, même au niveau des entreprises. Le Kaiser prusse Wilhelm II et son gouvernement ont décidé qu’il serait plus rapide d’imprimer des billets pour les pays occupés par l’Empire allemand ou leurs alliés que d’allouer des ressources humaines et matérielles pour frapper les menues monnaies métalliques essentielles pour manufacturer les armes et munitions! Avec le problème grandissant du manque de monnaie dans la mère-patrie et l’exemple du gouvernement allemand dans les zones occupées, l’alternative fut rapide à se présenter!
Une alternative peu coûteuse
La décision d’imprimer de petits billets ( notgeld ) acceptables par la population locale et ayant une date d’expiration fut rapidement prise au niveau des districts par les Bourgmestres ( maires ) et leurs conseils en Allemagne et en Autriche pour combler les besoins de leur communauté immédiate, ville ou cité. Très rapidement se répandit dans tous l’Empire, plusieurs entreprises leur propre notgeld au même moment que les monnaies métalliques disparaissaient des banques et des bourses de la population.
La première émission connue, totalisant seulement 100 marks, fut fabriquée dès le 31 juillet 1914 par Buergerliches Brauhaus GmbH de Brème, en coupures de 1, 2 et 2,5 marks, sur papier épais, avec signatures manuscrites mais sans numéros de séries. Depuis, tellement d’émissions ont été recensées, et bien d’autres continuent à se faire connaître des collectionneurs du domaine, il est évident que des centaines de milliers de notgeld avec des dénominations différentes furent en circulation dans l’Empire allemand de 1914 à 1918.
Les notgeld d’une région étaient souvent acceptables ou interchangeables dans les régions adjacentes, mais, comme dans toutes les situations qui demandent la confiance, il y avait aussi des gens qui mettaient en circulation de larges montants de billets douteux, près de leurs dates d’expiration, qui refuseraient par la suite un remboursement tardif pour faire un profit appréciable.
En raison de la nature non-officielle de cette monnaie locale et la naïveté de certains des émetteurs au début, les fraudeurs de ce système furent rapide à profiter des failles qui pouvaient se présenter. Certains entrepreneurs ont même procédé à l’émission de leurs propres billets et plus de 110 exemples sont connus où des séries complètes de notgeld furent fabriquées dans la région d’Hamburg pour des districts qui n’existaient même pas. En raison de l’importance de certaines fraudes, ces billets étaient acceptés et circulaient souvent jusqu’à la date de péremption, où il n’y avait alors personne pour les rembourser. Il est maintenant intéressant que plusieurs de ces billets illégitimes sont maintenant des pièces de collections acceptables.
Le citron allemand
Même après la fin de la Grande Guerre, la pratique d’émettre des notgeld a continué en raison de l’hyper-inflation qui sévissait dans l’Empire allemand qui, après la défaite, devait payer de lourds paiement en compensation, en monnaie de qualité pour son « agression «. L’article 231 du Traité de Versailles impliquait que les Allemands avaient admis leur « culpabilité nationale « pour toutes les vies et le matériel perdus durant la guerre et devraient payer entièrement, par voie de compensation, même si les vainqueurs savaient que l’empire vaincu et en faillite ne pouvait pas espérer en être capable! En raison d’une ligne de pensée intransigeante de la France, et en partie, de la Grande-Bretagne, qui laissait croire que l’Allemagne avait toujours les moyens de se rebâtir après l’armistice, leur solution était de forcer l’Allemagne sur les genoux.
Le dur système de réparation fut appliqué et, durant les vingt années suivantes, l’Empire allemand fut saigné à blanc et ses possessions coloniales furent saisies par d’autres petits pays qui avaient participé à la guerre et exigeaient leur part du gâteau. Un politicien anglais, Sir Auckland Geddes, a déclaré « We will squeeze the German lemon until the pips squeak » !
Très peu pensaient qu’ils étaient en train de pousser cette nation fière et autrefois prospère vers un scénario funeste qui marquerait l’histoire de plusieurs millions de morts. Chaque pays qui avait été impliqué de près ou de loin, a fait une réclamation, dans certains cas sans justification, que l’Allemagne dû payer. Des 32 nations qui étaient représentées à la Conférence de pays en 1919, certains n’existaient même pas en 1914 et 22 d’entre-elles étaient de l’extérieur de l’Europe. Combinée avec les années d’inflation, de troubles politiques et d’humiliation nationale qui s’était nourrie de la culpabilité impliquée dans les documents de 1919, la scène était préparée pour Adolf Hitler et son Troisième Reich et l’introduction des ghettos et des notgeld des camps de concentration qui allaient gagner une histoire terrible et sinistre quand le monde serait encore en guerre avec l’Allemagne entre 1939 et 1945.
Quantité et non qualité!
Dans les années récentes, en raison de l’intérêt numismatique pour les notgeld, des émissions fantaisistes sont apparues pour ajouter de la confusion dans une situation déjà chaotique, alors collectionneurs soyez prudents!
Un expert en notgeld, le regretté Dr. Arnold Keller ( 1897-1972 ) a calculé qu’en 1914, 452 localités ont émis 5,500 billets et qu’entre 1916 et 1922, des petits billets ( sous 1 mark ) furent émis dans 3,658 endroits et totalisent 36,00 billets alors que les hautes dénominations ( plus de 1 mark ) venaient de 579 endroits pour plus de 5,000 billets. La Reichsbank allemande a émis 300 types de base et 30,000 variétés alors que les colonies allemandes ont émis un autre 3,800 billets durant la Première Guerre mondiale. Quand l’inflation a commencé à être hors de contrôle en 1922-23, 800 autres endroits ont émis quelques 4,000 billets d’une valeur entre 10 et 1000 mark et 5,849 autres ont émis 70,000 billets de plus de 1000 mark.
Keller mentionne que les chiffres cités dans ses rapports, sont sujets à être corrigés, à la hausse, en raison du nombre des institutions ayant émis des notgeld et dont les registres ont été perdus ou détruits durant la guerre, incluant les camps de concentration et les billets de prisonniers de guerre.
Pour ceux et celles qui sont intéressés à collectionner les notgeld allemands ou autrichiens de 1914 à 1923, il est suggéré de se spécialiser dans un thème, tel que : animaux, édifices, etc., puisque que même le Dr. Keller reconnaît qu’il est presque impossible de rassembler une collection complète de notgeld de l’Empire allemand.
Références:
A Guide and Checklist of World Notgeld 1914-1947 par Courtney L. Coffing, Krause Publications, Iola, Wisconsin, 1988.
History of World War I., Rédecateur en chef, A.J.P.Taylor.,Octopus Books Limited. Londres. 1974.